mardi 27 mars 2007

Modernité de Jules Supervielle


Sur le plan poétique, d'abord :

Jules Supervielle s'est toujours tenu à l'écart des Surréalistes qui régnaient littéralement sur la première moitié du XXème siècle (rappelons que le Manifeste d’André Breton date de 1924). Désireux de proposer une poésie plus humaine et de renouer avec le monde, il rejetait l'écriture automatique (que les surréalistes ont eux-mêmes bien vite abandonnée) et la dictature de l'inconscient, sans pour autant renier les acquis de la poésie moderne depuis Baudelaire, Rimbaud et Apollinaire, ainsi que certaines innovations fondamentales du surréalisme.
Attentif à l'univers qui l'entourait comme aux fantômes de son monde intérieur, il a été l'un des premiers à préconiser cette vigilance, ce contrôle que les générations suivantes, s'éloignant du mouvement surréaliste, ont mise à l'honneur. Il a anticipé sur les mouvements des années 1945-50, dominés par les puissantes personnalités de René Char, Henri Michaux (son ami intime), Saint-John Perse ou Francis Ponge, puis - après la parenthèse avant-gardiste des années 1960-70 - sur ceux des poètes désireux de créer un nouveau lyrisme et d'introduire une certaine forme de sacré ou, tout au moins, une approche plus modeste des mystères de l'univers, sans remise en cause radicale du langage : Yves Bonnefoy, Philippe Jaccottet, Jacques Dupin, Eugène Guillevic, Jean Grosjean, André Frénaud, André du Bouchet, Jean Follain, pour ne citer qu'eux.
Ses admirateurs ou successeurs spirituels se nomment René Guy Cadou, Alain Bosquet, Lionel Ray, Claude Roy, Philippe Jaccottet ou encore Jacques Réda…