lundi 13 juin 2011

L'âme de Jules Supervielle... qui brûle en silence



L ' â m e 





Puisqu'elle tient parfois dans le bruit de la mer
Ou passe librement par le trou d'une aiguille
Aussi bien qu'elle couvre une haute montagne
Avec son tissu clair,


Puisqu'elle chante ainsi que le garçon, la fille,
Et qu'elle brille au loin aussi bien que tout près,
Tantôt bougie ou bien étoile qui grésille
Toujours sans faire exprès,


Puisqu'elle va de vous à moi, sans être vue,
Et fait en l'air son nid comme sur une plante,
Cherchons-la, sans bouger, dans cette nuit tremblante
Puisque le moindre bruit, tant qu'il dure, la tue.


(Les amis inconnus)



dimanche 5 juin 2011

Le Jeu des miroirs et Jules Supervielle

Le jeu des miroirs
Découvrez votre vrai visage avec
Douglas Harding et Jules Supervielle
par Sabine Dewulf
Illustrations de Josette Delecroix


Au-delà de nos caractéristiques physiques, prenons-nous suffisamment en compte les richesses qui constituent l’ensemble de notre être ? Quelle image avons-nous de nous-même, sinon celle d’un moi permanent et distinct du reste du monde ? Une image presque figée et reconnaissable dans un miroir, que nous enfermons trop facilement dans les frontières de notre corps…


Le Jeu des Miroirs vous propose une approche différente : la vraie découverte de votre visage infiniment plus riche et vivant que vous ne le pensez, grâce à des exercices inventés par Douglas Harding, un sage contemporain.


Ce coffret, comprenant un livre et 52 cartes, vous entraîne à déployer votre être vers un accomplissement universel. Il vous offre le moyen de vous connaître davantage et d’établir une relation moins crispée, plus juste, bienveillante et harmonieuse avec vous-même. Vous prendrez peu à peu conscience de votre je profond en explorant toutes vos possibilités d’être vous-même.


Chaque carte présente un symbole ou un bref poème, tous tirés de l’œuvre de Jules Supervielle. Ce symbole ne parle que de vous et de vos propres possibilités d’évolution : de l’être instinctif et égocentré du début (le Chasseur) à celui qui se rend réceptif à l’univers entier (la Mystique)…


À travers le Survivant, la Guérisseuse, la Méditante, l’Animal, la Paysanne, libérez-vous peu à peu de l’identification à des modèles et devenez ouvert et accueillant pour les autres et pour vous-même !

Jules Supervielle Aujourd'hui


Jules Supervielle aujourd’hui,est le résultat des actes du colloque d’Oloron-sainte-Marie qui a eu lieu le 1er et 2 février 2008. Les textes ont été réunis et présentés par Sabine Dewulf et Jacques Le Gall, aux Presses Universitaires de Pau, en 2009. "Leçons de vie d'une oeuvre"


De quelle utilité serait une poésie qui ne nous aiderait pas à vivre ? À vivre vraiment, au coeur du quotidien, en relation avec le monde qui nous entoure et nous habite ? Trop nombreux sont encore ceux qui pensent que la poésie est l'affaire de rêveurs ou de purs explorateurs du langage, de ces « professeurs de billards » dont se gaussa Isidore Ducasse, dit Lautréamont, natif de Montevideo comme Supervielle.

Face à ces croyances tenaces, l'oeuvre de Supervielle s'impose comme un témoignage unique de la vie concrète - physique et psychique - d'un homme qui cherchait avant tout, en dehors des dogmes et des sentiers battus, à se mettre en relation avec lui-même, avec autrui et avec l'univers. Un univers perçu dans sa totalité cosmique, au lieu du monde divisé où nous vivons tant bien que mal, coupés de nous-mêmes comme de ce qui nous entoure et dont nous sommes pourtant tributaires.

samedi 1 janvier 2011

Famille de ce monde...

Poème pour une fin d'année... et le début d'une autre.




Et des milliers de bourgeons viennent voir ce qui se passe au monde


Car la curiosité de la Terre est infinie.


Et l'enfant naît et sa petite tête mal fermée encore


Se met à penser dans le plus grand secret parmi les grandes personnes tout occupées de lui.


Et il est tout nu sous la pression exigeante de la lumière du jour


Tournant de côté et d'autre ses yeux presque aveugles au sortir de la nuit maternelle,


Emplissant la chambre, comme il peut, de ce vagissement venu d'un autre monde.


Et bien que parachevé, il s'ouvre encore à la fragilité dans ses délicates fontanelles


Tout en fermant très fort ses petits poings comme un homme barbu qui se met en colère.


Et sa mère est une géante bien intentionnée qui se dresse dans l'ombre et l'assume dans ses bras,


Encore stupéfaite d'entendre cette chair séparée qui a maintenant une voix,


Comme un pêcher qui entendrait crier sa pêche,


Ou l'olivier, son olive.


Mais dans l'ombre un sein qui blanchit dessine son cercle auroral


Et des lèvres toutes neuves, à peine finies, et qui ont grande hâte de servir


Tâtonnent à sa rencontre


Jusqu'à ce qu'on entende un petit bruit de la gorge compréhensive


Quand le lait se met à passer de la mère à l'enfant.


Et  la vie va son chemin qu'elle sait ininterrompu


Sous le tic-tac de la pendule


Car le Temps imbibe jour et nuit de son humidité invisible tout ce que nous faisons sur terre.


Mais il ne faudrait pas oublier que le père est dans la pièce


Et sentant à l'instant même sa parfaite inutilité


Il trouve que c'est le moment de regarder par la fenêtre


 Cependant que la grandeur du monde poursuit sa route béante dans une profonde anesthésie,


Et la Terre tourne sans effort comme en pensant à autre chose,


Et la Grande Ourse et Bételgeuse


Montrent leur face inhumaine à la portière du train terrestre


Qui n'a pas l'air de bouger bien qu'il avance toujours,


Et l'univers bien huilé fait moins de bruit


Que les pieds nus de l'enfant qui frottent l'un contre l'autre,


Car l'enfant est encore là, collé au globe maternel.


Montevideo, mars 1944.


1939-1945



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