mercredi 4 avril 2007

Modernité de Jules Supervielle

2) Sur le plan de la connaissance scientifique de l’univers, ensuite :

Dans son remarquable ouvrage intitulé Jules Supervielle, poète de l’univers intérieur, Paris, Jean Flory, 1939, Christian Sénéchal écrit ceci :

Sans pouvoir être classé parmi les « poètes scientifiques », Jules Supervielle est pourtant, de tous ses contemporains, celui qui nous offre du monde l’image la plus conforme aux découvertes et aux hypothèses les plus récentes de la science. Sans que jamais un mot comporte même une allusion à une conception scientifique, l’intuition du poète reste en accord avec l’astronomie, la physique et la biologie de nos jours. Nous avons signalé la prodigieuse impulsion que Supervielle reçut d’un livre de vulgarisation astronomique. Mais le poète a rendu à la science ses bienfaits en libérant les esprits de leurs attaches terrestres et en leur permettant de mieux saisir, grâce à l’émotion, toute la portée des conquêtes du télescope et de la chimie stellaire. Il y a plus : c’est l’essentiel de la biologie que nous pressentons sous la vision émouvante des corps-univers qui s’avancent, porteurs d’une vie millénaire remontant à la création des pierres, des arbres, des bêtes et des hommes, et qui, comme tout ce qui existe, restent en proie au vertige d’une éternelle naissance ; - et c’est l’essentiel de la physique que nous retrouvons dans cette abolition des limites et dans cette croyance à l’unité et à la permanence des forces de l’univers physique et moral, qui font de l’oeuvre de Supervielle la projection, dans l’ordre poétique des rêves et des émotions, de la conception d’une « noosphère » - le mot est du P. Teilhard de Chardin - où se concentrerait, à l’avant-garde des énergies sidérales, l’énergie humaine spiritualisée, des vivants et des morts. (p. 233-234)

J’ai, pour ma part, pris mes distances, sur ce point précis, avec les propos de Christian Sénéchal ; non pas pour les rejeter, loin de là. La convergence qu’il observe entre la poésie de Supervielle et les avancées majeures de la science moderne est irréfutable. Mais le langage poétique ne saurait se contenter, à mes yeux, d’accompagner ou d’anticiper les grandes découvertes du savoir. Il est d’un autre ordre. C’est pourquoi la véritable modernité de Supervielle - celle qui transcende les époques et atteint à une forme d’universel - me paraît relever d’un troisième plan, métaphysique.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Unfortunately, neither my keyboard, nor my french suffice to post a message, but I am looking for the original of a poem by Jules Supervielle, that is called, retranslated: "La Creation". In which God creates the world and in which the created things have delicate und wonderful relations from the start. It is a divine poem in translation (dutch by the way) and I love to read it in French!